Contactée pour la réalisation d’une « petite extension », je pousse le portail sur lequel est cloué un permis de démolir pour pénétrer un site incroyable. Une grande cour dans laquelle se confronte une grange en pierre coiffée d’une toiture en ardoise avec, en face, ce qu’on appellera « l’emballage », bâtiment de 2 étages, toiture terrasse, mi enduit, mi pierre, dont on devine la structure en béton qui date de 1922, objet de la démolition ! Ne pas démolir apparaît comme une évidence. Faire changer d’avis Françoise et Jacques, récents propriétaires du lieu, un défi.
Ce lieu est une ancienne exploitation horticole, où le grand père de Jacques cultivait des fleurs, il y a un siècle. Entièrement séduite par la singularité et le potentiel de l’emballage, je ne peux me résoudre à le voir disparaitre. Je propose alors de faire une esquisse tout en le conservant, convaincue qu’il pourrait répondre au programme. Certaine également que ça n’avait pas de sens de démolir un bâtiment déjà existant, avec des volumes aussi généreux, pour bâtir à nouveau sous la contrainte règlementaire, qui plus est en secteur protégé, consciente que ce qui est là ne pourrait plus jamais être autorisé.
Défi relevé (Par chance ces 2 brestois aiment le béton!) et le projet nous permet d’accueillir leur résidence secondaire ou se rassemblera la famille. Les deux bâtiments permettent d’ailleurs de répondre au besoin d’une maison évolutive : l’emballage, d’une taille chaleureuse pour le couple, reçoit l’unité de vie principale. La grange accueille les 4 autres chambres, quand la famille se réunit. (Cette grange pourra devenir une unité autonome car le plan et les attentes sont pensées pour la faire évoluer). L’autre défi a été de conserver et révéler la structure en béton de l’emballage, composé d’une trame de poteaux/poutres très présente ainsi que des planchers et plafonds en béton. L’idée a été de mettre en avant cette structure et ainsi faire ressortir la colonne vertébrale du bâtiment, jusqu’à la prolonger sur les façades et ainsi créer une trame d’ouvertures, parfois vitrées, parfois bardées de bois. L’aménagement intérieur s’est ensuite construit autour de cette trame. La réunion des 2 bâtiments par un couloir vitrée entraîne une contrainte dans le fonctionnement des espaces extérieurs, qui ne communiquent plus. Ainsi, une partie de l’aile du bâtiment située sur la cour est évidée, la structure béton qu’on devinait derrière les façades et révélée et contribue au charme de l’ensemble.